Jessica, Perla, Julie, Ariane et Naïma sont hébergées dans une maison maternelle qui les aide dans leur vie de jeunes mères. Cinq adolescentes qui ont l’espoir de parvenir à une vie meilleure pour elles-mêmes et pour leur enfant…

Depuis le début de leur carrière, les frères Dardenne sont des cinéastes que nous suivons avec autant d’attente que d’excitation. Non par vanité ou chauvinisme, mais parce que l’identité des Grignoux s’est construite à proximité du terreau de leur imaginaire, à Liège, notre vocation de médiateur culturel se façonnant notamment au gré de leur succès. Car c’est aussi le rôle d’un cinéma implanté dans une ville que de faire rayonner ses talents.

Depuis le début, nous sommes heureux·ses d’illuminer l’ampleur de leur geste cinématographique sur nos écrans, de rédiger des dossiers pédagogiques qui cherchent à éclairer la subtilité de leurs scénarios et de leur mise en scène.

Chacune de leur production, à sa manière, nous a surpris·es, ébloui·es, élevé·es. Cherchant toujours à se réinventer dans la forme comme dans le fond, ils n’ont cependant jamais perdu de vue l’exigence du regard qu’ils portent sur le monde, ce qu’ils veulent nous raconter de celui-ci à travers leurs films. Un regard qu’ils déploient à travers des protagonistes qui vibrent avec leur époque, toujours ancrés dans les paysages qu’ils arpentent, se débattant sans cesse avec les paradoxes de leur humanité. Nul doute que Jeunes mères renouvellera ce regard, comme chacun de leur film l’a fait avec le précédent.

Nous sommes aujourd’hui intrigué·es par l’élan qui les a poussés à s’intéresser aux conditions de vie de très jeunes mères, mais nous sommes certain·es de retrouver dans cette chronique ce que nous chérissons dans leurs films : une photographie éclatante de notre société.

Ces nouvelles héroïnes auront-elles, comme Rosetta, la volonté de s’en sortir chevillée au corps ? Flirteront-elles, comme dans L’Enfant, avec la tentation de monnayer leur progéniture ? Seront-elles soutenues par les institutions publiques ou au contraire abandonnées à leur sort, comme le fut Lokita dans leur dernier film ? Sillonneront-elles inlassablement les rues de Liège, comme le font la plupart de leurs personnages, en quête d’une ultime rémission sociale ? Et surtout, la trouveront-elles ? Rendez-vous en salles, très vite, pour le découvrir !

Alicia Del Puppo, les Grignoux