RETOUR À SÉOUL
Sur un coup de tête, Freddie, 25 ans, retourne pour la première fois en Corée du Sud, où elle est née. La jeune femme se lance avec fougue à la recherche de ses origines dans ce pays qui lui est étranger, faisant basculer sa vie dans des directions nouvelles et inattendues... Dans la tradition d’un cinéma asiatique d’auteur, mélancolique et visuellement gracieux, incarné par Wong Kar-wai dans les années nonante, Davy Chou capte ces sentiments enfouis au plus profond de l’âme de personnages inscrits dans un contexte urbain très prégnant. Il évoque tant une forme de quête intérieure que l’humeur d’un pays tributaire du poids de son passé (la question des adoptions est un des marqueurs de l’histoire de la Corée du Sud). Toute cette dimension existentielle et finalement politique se matérialise magnifiquement dans la trajectoire, précise et décidée, de Freddie, cette jeune femme en plein tiraillement identitaire qui va voyager dans son pays d’origine qu’elle ne connaît pas, à la recherche de sa famille biologique. Comme tout être adopté, c’est une double recherche à laquelle est confrontée Freddie, celle des autres et d’elle-même. Tout sera question d’équilibre et de reconfiguration d’identité, surtout d’un nouveau rapport au monde si nécessaire pour l’équilibre mental. La justesse du réalisateur se trouve dans sa capacité à raconter ce cheminement intime sans plonger aveuglément dans le psychologique et le larmoyant (le sujet en détenait pourtant tous les pièges possibles), aussi en montrant que tout ne tient qu’à un fil, que rien n’est définitivement résolu mais que son personnage ne perd jamais pied et reste fort. C’est avec tendresse et retenue qu’il révèle la complexité d’une situation, filme cet être humain qui puise dans ses rencontres et découvertes la matière à se repenser, sereinement mais patiemment. On pense plus particulièrement à son rapport complexe avec son père biologique et à leur difficulté à communiquer, à se comprendre.